Ibrahima Kane, Polytechnicien : Une série de distinctions pour l’ingénieur prolixe

L’étudiant Ibrahima Kane, ancien du lycée moderne de Dakar, est un passionné de l’entrepreneuriat et des nouvelles technologies. Ce jeune en dernière année de cycle d’ingénieur en informatique a déjà reçu plusieurs distinctions pour ses innovations aussi bien dans le domaine de la santé que de l’éducation. Lauréat du premier Salon du polytechnicien en 2011, Prix Startup Weekend en 2014 avant de se classer à la 3e place à l’Open Innovation en 2015. L’ingénieur prolixe rêve de révolutionner la gestion des écoles et des universités, ainsi que l’acquisition des connaissances.

La chambre 13 F de l’Ecole supérieure polytechnique de Dakar n’est pas un logement ordinaire. Sur la porte, il est marqué « Technoland ».

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Ce n’est pas un slogan. Lorsque Ibrahima Kane ouvre la porte, nous voici dans l’antichambre. Deux ordinateurs sont interconnectés. Une imprimante est à l’angle. Un abat-jour donne une autre intensité à la luminosité. L’étudiant en dernier année de cycle d’ingénieur d’informatique n’a pas attendu la fin de sa formation pour se faire remarquer. Alors qu’il venait d’arriver à l’Esp, en 2011, il remporte le Prix de la première édition du Salon du polytechnicien. Ibra Kane a l’innovation dans le sang. En 2e année, il crée une application qui permet de partager les documents pédagogiques et des expériences. Il est repéré en Mauritanie et en Côte d’Ivoire.

Il a été choisi pour être parmi les ambassadeurs de Google. Il se sert des technologies de ce géant de l’informatique et incite d’autres étudiants à ne pas rater le virage de l’utilisation des Tic au service de l’acquisition des connaissances.

Les distinctions vont s’enchaîner. En novembre 2014, il remporte le deuxième prix Startup Weekend Dakar alors qu’en 2015 il se classe à la 2e place au concours Open Innovation organisé par le Groupe Sonatel.

De grandes sociétés dans les Tic veulent le recruter. Mais l’ingénieur rechigne. « J’aime et je crois à l’entrepreneuriat », lance-t-il. Son esprit d’entreprenariat a été reconnu dans le milieu estudiantin.

Passionné de l’entreprenariat

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Il a eu à partager sa passion pour l’entreprenariat. « Comme dans toutes les écoles d’ingénieur, la dernière année, l’étudiant consacre 6 mois de stage en entreprise ; moi, j’ai opté, dès le début, pour l’auto-emploi et l’entrepreneuriat », nous confie-t-il. D’autres étudiants ont regagné son équipe. Pourquoi entreprendre alors qu’on est encore étudiant ? Pour l’étudiant en fin de formation, l’entreprenariat est le gage de l’autonomie, de la liberté. Il est conscient qu’il y a des risques.

« Créer et diriger son entreprise comporte évidemment une part de risques, mais en retour, nous ne risquons plus d’être un bon jour viré de notre emploi. Seul le client et notre créativité sont nos guides, et à nous de savoir nous adapter aux évolutions », reconnaît l’ingénieur en informatique. Les erreurs et les échecs peuvent paver le parcours d’un entrepreneur qui doit apprendre à conquérir des succès à partir de ses échecs. « C’est à partir de nos échecs que nous deviendrons meilleurs », estime Ibrahima Kane.

Déjà au lycée moderne de Dakar, il a été à la base de la création du club scientifique. C’est lui aussi qui a été à l’origine du lancement du journal scolaire intitulé « L’apprenti scientifique ».


Ibra Kane, c’est aussi la vie associative à l’université. Il a été, entre novembre 2014 et janvier 2016, le président du Club Synapse, qui regroupe des informaticiens de l’Ecole supérieure polytechnique de Dakar. Auparavant, il avait fondé le Club internet en février 2010. Il a été aussi le président du Comité exécutif des étudiants de l’Esp.

Le polytechnicien rêve de révolutionner la gestion des établissements scolaires et l’acquisition des connaissances. L’application « Jangando » présente une panoplie d’interfaces. Parmi lesquels « Nafar ». L’apprenant établit son agenda de révision. Il organise à sa guise ses fiches de révision. Il a aussi la possibilité pour un élève d’apprendre avec les vidéos. « Cela aide les enfants qui n’ont pas de répétiteur à la maison », souligne Ibra Kane. L’ingénieur est issu d’une famille où il est le seul à avoir fait des études supérieures. Sa mère tout comme son père n’a pas fréquenté l’école des Blancs.

La dématérialisation de la gestion des écoles

L’un des interfaces offre des services d’inscription et de réinscription aux élèves et aux étudiants. Aussi, les parents peuvent suivre à distance les mouvements de leurs enfants dans les établissements scolaires. Ils recevront des informations sur le calendrier de leurs enfants. La plateforme enverra des messages pour le retrait des bulletins et des informations sur les activités qui se déroulent à l’école. Ils sont ainsi des absents présents à l’école. « Il y a une porte d’entrée pour les parents.

Ces derniers sont informés à temps réel du calendrier des devoirs. Ils reçoivent aussi des messages annonçant un concours. Ces informations sont soit écrites, ou vocales, ou électroniques », détaille l’étudiant en fin de formation.
« Jangando edu-manager » est l’interface de l’administration de l’école, du lycée ou de l’université. Elle peut utiliser les rubriques sur la gestion des anciens de l’école, le planning des organisations sociales pour les universités et aussi pour le management des ressources humaines. Ce n’est pas une plateforme toute faite. Elle est modulable en fonction des besoins spécifiques du client.

« Le client participe à la mise en place de la plateforme parce que nous prenons leurs avis au fur et à mesure que nous la concevons. Notre ambition, c’est de promouvoir le nom de domaine du Sénégal », confie l’ingénieur. Il est dans une éternelle course. Le domaine des technologies appelle à une réactualisation continue des connaissances et compétences.

Déjà il a mis en point une startup dénommée « Afyacenter » qui signifie en swalli « santé ». Cette innovation aide à gérer et à suivre des grossesses. Elle permet aux mamans de respecter le calendrier de vaccination des nouveau-nés, sans oublier, entre autres, le suivi des malades chroniques.

Idrissa Sané

(Source : Le Soleil, 11 juillet 2016)